car nier l'Histoire n'est pas la réviser
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car nier l'Histoire n'est pas la réviser
"L'écriture n'est pas le seul mode de l'histoire. Pourquoi Shoah est-il une grande oeuvre d'histoire, et non, par exemple, un recueil de contes? Il ne s'agit ni d'une reconstitution romanesque comme Holocauste, ni d'un film documentaire, mais d'un film où des hommes d'aujourd'hui parlent de ce qui fut hier.
Dans ce champ éclaté du discours historique, comment se situe l'entreprise «révisionniste» ? Sa perfidie est précisément d'apparaître pour ce qu'elle n'est pas, un effort pour écrire et penser l'histoire. Il ne s'agit pas de construire un récit vrai. Il ne s'agit pas non plus de réviser les acquis prétendus de la science historique. Rien de plus naturel que la «révision » de l'histoire, rien de plus banal. Le temps lui-même modifie le regard non seulement de l'historien mais du simple laïc. La Bataille du rail est un film,
qui se présentait en 1946 comme un discours vrai sur la résistance des cheminots. Qui la revoit en 1987 y voit la description d'un monde idéal où tous, de l'ingénieur au lampiste, sont unis pour duper l'ennemi. L'histoire de la déportation a comporté elle aussi ses scories'. La mythomanie a joué son rôle ainsi que la propagande, parfois aussi une certaine concurrence entre non-Juifs et juifs, jadis analysée par O. WormserMigot, les premiers revendiquant l'égalité dans la souffrance avec les seconds.
Mais nier l'histoire n'est pas la réviser. [...]
La méthode des «révisionnistes» contemporains, des négateurs', a été souvent analysée. Comme l'écrivent Nadine Fresco et Jacques Baynac:
Curieux historiens en vérité que ces gens qui au lieu de s'attacher à "connaître le déroulement exact des événements" s'intitulent juges des "pièces à conviction" d'un procès qui n'a lieu que parce qu'ils nient l'existence de l'objet du litige, à l'heure du verdict, seront donc nécessairement amenés à déclarer fausses toutes les preuves contraires à l'a priori dont ils ne démordent pas. ~
Il n'est peut-être pas inutile de revenir sur ces méthodes et de montrer comment Faurisson, cet expert en littérature, travaille à déréaliser le discours. [...] Les cosmologies se préoccupaient jadis de «sauver les phénomènes», de rendre compte, par exemple, du mouvement apparent du soleil. Les « révisionnistes » eux, si volontiers « matérialistes », des matérialistes à sabots, s'occupent de sauver les non-phénomènes. N'importe quelle interprétation est bonne pourvu qu'elle nie. Ils sont dans le royaume du discours vide".
Pierre Vidal-Naquet', Les Assassins de la mémoire, Éd.. La Découverte, 1987
Dans ce champ éclaté du discours historique, comment se situe l'entreprise «révisionniste» ? Sa perfidie est précisément d'apparaître pour ce qu'elle n'est pas, un effort pour écrire et penser l'histoire. Il ne s'agit pas de construire un récit vrai. Il ne s'agit pas non plus de réviser les acquis prétendus de la science historique. Rien de plus naturel que la «révision » de l'histoire, rien de plus banal. Le temps lui-même modifie le regard non seulement de l'historien mais du simple laïc. La Bataille du rail est un film,
qui se présentait en 1946 comme un discours vrai sur la résistance des cheminots. Qui la revoit en 1987 y voit la description d'un monde idéal où tous, de l'ingénieur au lampiste, sont unis pour duper l'ennemi. L'histoire de la déportation a comporté elle aussi ses scories'. La mythomanie a joué son rôle ainsi que la propagande, parfois aussi une certaine concurrence entre non-Juifs et juifs, jadis analysée par O. WormserMigot, les premiers revendiquant l'égalité dans la souffrance avec les seconds.
Mais nier l'histoire n'est pas la réviser. [...]
La méthode des «révisionnistes» contemporains, des négateurs', a été souvent analysée. Comme l'écrivent Nadine Fresco et Jacques Baynac:
Curieux historiens en vérité que ces gens qui au lieu de s'attacher à "connaître le déroulement exact des événements" s'intitulent juges des "pièces à conviction" d'un procès qui n'a lieu que parce qu'ils nient l'existence de l'objet du litige, à l'heure du verdict, seront donc nécessairement amenés à déclarer fausses toutes les preuves contraires à l'a priori dont ils ne démordent pas. ~
Il n'est peut-être pas inutile de revenir sur ces méthodes et de montrer comment Faurisson, cet expert en littérature, travaille à déréaliser le discours. [...] Les cosmologies se préoccupaient jadis de «sauver les phénomènes», de rendre compte, par exemple, du mouvement apparent du soleil. Les « révisionnistes » eux, si volontiers « matérialistes », des matérialistes à sabots, s'occupent de sauver les non-phénomènes. N'importe quelle interprétation est bonne pourvu qu'elle nie. Ils sont dans le royaume du discours vide".
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